Trop tôt sorti du nid…
C’est par ces mots que commençaient mon mémoire de kiné, réalisé en 2005 (#PrendsUnCoupDeVieux 😅). Une revue de littérature, comme on dit dans le jargon… 🤓
Les choses ont dû bien évoluer en 16 ans concernant les soins de développement du nourrisson prématuré.
Je vous en livre quelques extraits, vous pouvez le retrouver en version intégrale ici.
NB : petit glossaire 😉 : « activité physique » = mobiliser les membres du nourrisson ; « système nociceptif » = perception des sensations douloureuses.
Les stimulations tactiles et l’activité physique : quels effets sur le développement des prématurés ?
L’enfant, même très petit, est un être relationnel qui entend, qui voit, qui souffre.
Ce nouveau-né n’a donc pas seulement besoin d’être soigné, mais aussi d’être entouré de moments d’humanité nécessaires à son évolution.
Le but de ce mémoire est de déterminer, par une revue méthodique de la littérature (1994-2004), quels effets peuvent présenter les stimulations tactiles et l’activité physique sur le développement des nourrissons prématurés.
Après avoir longtemps cru que le prématuré, absent au monde, devait grandir dans un espace fermé et isolé, on s’efforce désormais de l’aider à s’intégrer dans sa nouvelle vie. Toucher, kinesthésie, odorat, gustation, audition : à sa naissance, le nourrisson appréhende de multiples manières son environnement immédiat.
Par le biais des stimulations tactiles et de l’activité physique, le kinésithérapeute peut-il favoriser le développement des nourrissons ? Quels sont les effets de ces interventions ?
Notre analyse de la littérature (1994-2004) montre que ces techniques semblent avoir des effets positifs à court terme sur le stress, le comportement, la croissance ou la minéralisation osseuse.
Le toucher, en favorisant le confort par son effet calmant, améliorerait le comportement, en particulier les signes comportementaux de douleur. Mais il n’a aucune conséquence sur la croissance et la minéralisation osseuse, et ses effets sur le stress semblent controversés au vu de la physiologie parasympathique chez le nourrisson.
Le massage, qui présente des effets positifs sur la croissance, notamment par des gains de poids plus rapides et une meilleure efficacité du processus de consommation calorique, montre, en revanche, des résultats mitigés sur le stress et le comportement, quoiqu’une tendance apparaisse le désignant comme un élément perturbateur de l’homéostasie de l’enfant.
Les études sur l’activité physique apportent des éléments en faveur d’une amélioration de la minéralisation osseuse, bien qu’aucune d’entre elles n’évalue une éventuelle intolérance des nourrissons à la technique. De plus, l’activité physique semble améliorer la croissance, mais cette hypothèse nécessite d’autres vérifications.
Les stimulations tactiles-kinesthésiques combinent les effets du massage et de l’activité physique, avec l’éventualité d’une synergie entre les deux, qui reste à explorer.
Malgré ces bénéfices, un bémol important est à souligner, en particulier pour les massages et l’activité physique.
Le nourrisson prématuré, par son immaturité sensorielle et neurologique, possède un système nociceptif hypersensible qui garde une mémoire des événements stressants et douloureux qu’il a subi. Ceci implique la plus grande prudence quant à la réalisation de ces techniques, notamment en modulant et en individualisant le traitement en fonction de la maturité du nourrisson et de ses réactions physiologiques et comportementales.
En conclusion, la kinésithérapie peut contribuer au développement du nourrisson, à condition de garder à l’esprit que c’est l’enfant qui guide le thérapeute dans l’application de sa technique, et non l’inverse…
Les stimulations tactiles et l’activité physique sont un domaine récent (petit rappel : j’ai écrit cette conclusion en 2005…) d’application de la kinésithérapie néonatale, c’est la raison pour laquelle d’autres recherches s’avèrent nécessaires afin de déterminer les bénéfices et les effets délétères à court, mais aussi à long terme.
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